Extrait
Ma mère est vivante puisque je pense à elle
L’oeil bleu lagon qui frise, pieds nus dans ses mocassins, le nez de guingois, le teint invariablement hâlé, amoureux comme Gaston Gallimard des livres, des femmes et des bains de mer (peu importe l’ordre), il manie la coquetterie et l’espièglerie avec dextérité. Creusant inlassablement le sillon de l’écrivain du bonheur, à la fois tendre et profond, le comte Jean, Bruno, Wladimir, François-de-Paule Le Fèvre d’Ormesson n’aime rien tant que s’autoflageller faussement, avec érudition, et battre sa coulpe de n’avoir pas écrit l’Iliade et l’Odyssée, Don Quichotte, Gatsby le Magnifique ou Les Métamorphoses. L’hédoniste des plateaux de télévision se maudit, tout en dressant l’éloge de l’ennui et de la paresse dont il se revendique un disciple, de ne pas être à la hauteur de ses maîtres, Chateaubriand, Montaigne, Aragon et Proust. «Si on m’avait dit tu écriras La Divine Comédie ou Gargantua mais tu seras mort à 35 ans, eh bien ! ce pacte-là, non pas avec le diable mais avec Dieu, je l’aurais signé tout de suite», raisonne-t-il. L’aristocrate le plus populaire du pays, le modeste orgueilleux, l’amateur éclairé de Venise dont chaque publication trône en tête de gondole, assure cependant ne pas se plaire beaucoup : «Je ne suis pas grand. Je serre les poings. Je n’ai jamais cessé de nourrir des rêves qui me dépassent de beaucoup. Et quels rêves, je vous prie ? Des rêves de pacotille, de poudre aux yeux, de petit-bourgeois en goguette», pose-t-il dans son dernier livre, Qu’ai-je donc fait, très autobiographique, même si : «Oui, je sais, j’écris toujours la même chose.»
Présentation de l’éditeur
«Quel bonheur d’être au monde ! et que tout nous soit donné ! C’est une grande grâce, Monsieur, que d’aimer la vie dans chacune de ses heures, dans chacun de ses visages, dans chacune de ses tâches. Une grâce qui est plus heureuse que le bonheur puisqu’elle se fait bonheur dans le malheur même.» C’est ainsi que l’historien de la littérature Thierry Maulnier accueille Jean d’Ormesson à l’Académie Française en juin 1974.
A 85 ans, l’amant éternel de Venise, dont chaque publication trône en tête des meilleures ventes, incarne l’esprit français par excellence. Il a la conversation pétillante et possède l’élégance d’être léger, feignant de parler de lui à longueur de romans ou d’essais pour mieux cacher ses fêlures et ses déchirures intimes.
Voici, sous la plume alerte d’Arnaud Ramsay, la biographie de Jean, Bruno, Wladimir, François-de-Paule Le Fèvre d’Ormesson, l’aristocrate le plus populaire du pays.
Arnaud Ramsay, 39 ans, est journaliste.
A propos de l’Auteur:
Nationalité : France
Né(e) à : Paris VIIe , le 16/06/1925
Mort(e) à : Neuilly , le 05/12/2017
Biographie :
Né d’un père ambassadeur du Front populaire et ami de Léon Blum, Jean d’Ormesson se voit dispenser une éducation privilégiée, dans le respect des valeurs traditionnelles.
Évoluant dans un cadre libéral, il entame un parcours sans entrave. Élevé brillant, il accumule très vite les diplômes : agrégé et diplômé d’études supérieures de philosophie, normalien… Cet érudit ne s’arrêtera pas là. Jean Lefèvre, comte d’Ormesson, embrasse une carrière de haut fonctionnaire devenant président du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines à l’Unesco. Il s’essaie également à l’écriture : « L’Amour est un plaisir », « Du côté de chez Jean ». Ses œuvres dénotent insouciance et joie de vivre.
Mais c’est en 1971 que débute réellement sa carrière littéraire, avec la parution de « La Gloire de l’Empire », Grand prix du roman de l’Académie française. Académicien, il ne néglige pas pour autant son statut de directeur au journal Le Figaro. Aspirant à un monde « traditionnellement moderne », il insuffle à ses écrits un peu de lui et ce n’est pas pour déplaire ! Mais, il ne fait pas que parler de lui-même et transmet à la nouvelle génération des réflexions philosophiques comme « Le Rapport Gabriel » ou encore « Presque rien sur presque tout ».
En 2003, « C’était bien » raconte la vie de l’auteur et anticipe même sa mort. Avec « Une fête en larme » en 2005, il tente l’originalité et, toujours en se mettant en scène, il se met à raconter son roman idéal à un journaliste.
Enfin en 2006, il se laisse aller et publie « La Création du monde », roman d’un nouveau genre pour lui et très attendu par la critique littéraire.
En 2007 paraît son nouveau roman « Odeur du temps » aux éditions Héloïse d’Ormesson, maison dirigée par sa fille.
En 2009, il publie coup sur coup deux ouvrages, « L’Enfant qui attendait un train », un album jeunesse, et « Saveur du temps », le deuxième tome de ses chroniques au Figaro.
En 2012, il joue le rôle du Président de la République au côté de Catherine Frot dans « Les délices du palais » de Christian Vincent.
En 2013, il évoque son cancer de la vessie qui lui a coûté 8 mois de souffrances et de séjours à l’hôpital mais dont il est en rémission. En 2014, épuisé par la maladie, il sort tout de même un nouveau roman « Comme un chant d’espérance ».
Vient 2016, et ce petit manuel « Guide des égarés », un titre emprunté à Maimonide, qui lui permet en vingt-neuf chapitres de revenir sur ses thèmes de prédilection.
Editeur : Editions du Toucan (9 décembre 2009)
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