Extrait

Depuis qu’elle avait raconté ses aventures rocambolesques avec son idole Jean-Claude Van Damme, mémé Cornemuse était devenue la star de l’asile Les Joyeux Grelots où elle avait été internée pour démence alors qu’elle n’était qu’insoumise à la société. Au royaume des fous, les clowns sont rois. Ça planait pour The Queen of the Divan et elle avait son public assidu. Dont un admirateur baveux mais aux manières d’aristo, avec foulard Hermès et pompes en croco : Gilberto Van Pinderlok, un nom aux nobles accents qui sonne comme l’argenterie de la Castafiore. Le poupon était le fruit d’un accouplement entre une Italienne plantureuse, ancienne joueuse de tambourin, recyclée en bourgeoise, et un Flamand de Zeebrugge qui lui fit voir la vie en rose le jour où il remporta le pactole au casino. Du coup, il avait investi dans la pierre française, terre d’accueil qui sentait bon les vacances, à l’époque encore bénie où on ne massacrait pas les habitants à coups d’impôts démesurés. À la mort du père, le fiston hérita du fameux patrimoine, pure merveille architecturale, lorgnée un moment, selon ses dires, par Brad Pitt et Angelina qui avaient voulu y élire domicile, mais le vieux avait résisté. Détail qui amena Cornemuse à s’intéresser à l’héritier…
Persuadé d’être au centre d’un complot machiavélique, Gilberto clamait à tous ceux qui voulaient l’entendre, c’est-à-dire à personne puisque tous les patients s’en foutaient, qu’il avait été interné sur ordre du maire, un salopard qui visait son patrimoine pour la commune. Et comme il n’avait pas de descendance…
Outre le rescapé de Mort à Venise, qui avait fait escale à Charleroi, y avait de drôles de truffes dans ce panier à zinzins ! A commencer par le général Von Trota, autant haut gradé que toi et moi, mais qui arborait une veste avec des médailles achetées aux Puces. Le décorum, c’était son dada. Quand il marchait, ça faisait un bruit de grelots tellement il était couvert de distinctions – non méritées -, mais ça il s’en foutait, c’était à lui puisqu’il les avait achetées. Et le général de l’armée en déroute pavanait comme ça dans les couloirs jaunis de l’asile en pérorant qu’il avait gagné la bataille de Waterloo, celle d’Austerlitz et même celle de la gare du Nord. Mais qu’il avait perdu sa femme, cette pute qui s’était envoyée en l’air avec un garagiste pendant qu’il suait sur le champ de bataille. Et quand il était particulièrement en forme, il ajoutait : «Je lui ai coupé la tête avec mon sabre, et scratch la sââlope !»
Roger Robinet, surnommé ainsi parce que avant de péter un boulon, il était plombier. Lui, il avait eu un accident de travail et avait ramassé un évier sur la cafetière, en voulant déboucher le tuyau en dessous. Depuis, il avait attrapé la phobie des robinets et ne voulait plus se laver. Les infirmiers étaient obligés de lui administrer des calmants avant de le passer sous la douche –Ce texte fait référence à l’édition Broché .

 

Présentation de l’éditeur

Après avoir célébré en grande pompe ses épousailles avec un vieux croûton rencontré à l’asile, Mémé Cornemuse part en voyage de noces à Étretat, pour le charme irrésistible de ses falaises… Sitôt veuve, elle va enfin réaliser son rêve : ouvrir un palace à Saint-Amand-sur-Fion, dans la propriété de feu son mari, dont elle est l’héritière.
Avec l’aide de quelques pétés du bulbe et d’un cuisinier complètement maboul, elle décide de financer les travaux pour retaper la baraque en montant une superarnaque qui va virer à l’Auberge rouge et au boxon général. Son but ultime, toujours : partir pour L.A., y réaliser un relooking extrême à faire pâlir d’envie Pamela Anderson, et séduire son idole, JCVD.

 » Dans une langue aussi fleurie que le jardin de Monet à Giverny au cœur du printemps, Nadine Monfils, fille spirituelle d’Audiard et de Dard, nous sert un ragoût pas piqué des hannetons.  » Marie France

 

Biographie de l’auteur

Nadine Monfils est belgo-montmartroise. Auteur d’une soixantaine de romans, dont les polars à succès Monsieur Émile et Une petite douceur meurtrière, parus dans la collection  » Série Noire  » de Gallimard, elle est également cinéaste. Elle a écrit et réalisé Madame Édouard, adapté du premier tome de sa série avec le commissaire Léon, un flic qui tricote en cachette depuis qu’il a arrêté de fumer… incarné par Michel Blanc. On y retrouve également Didier Bourdon, Josiane Balasko, Dominique Lavanant, Annie Cordy, Bouli Lanners, Andréa Ferreol, Rufus… avec une musique originale de Benabar. Chez Belfond, elle a publié Babylone Dream (2007), prix Polar de Cognac, Nickel Blues (2008), prix des Lycéens de Bourgogne (décerné par 3 000 élèves), Tequila frappée (2009) et Coco givrée (2010), prix de la Ville de Limoges. Elle est aussi l’auteur d’une saga avec Mémé Cornemuse, une infernale vieille bique amoureuse de JCVD, dans Les Vacances d’un serial killer (2011), grand succès de librairie, La Petite Fêlée aux allumettes (2012), La vieille qui voulait tuer le bon Dieu (2013, prix du public de Saint-Maur en poche), Mémé goes to Hollywood (2014) et Maboul Kitchen (2015). Après avoir été introuvables durant des années, Les Enquêtes du Commissaire Léon – qui furent parrainées par Frédéric Dard – sont à nouveau publiées par Belfond depuis 2012. Tous ses livres sont réédités chez Pocket. En mars 2016 paraît chez Fleuve Éditions Elvis Cadillac – King from Charleroi, le premier volume d’une nouvelle série déjantée.
Retrouvez toute l’actualité de l’auteur sur : www.nadinemonfils.com

Editeur : Pocket (3 mars 2016)

par Remy

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