Nouveau nom ? Kolkata. Nom d’origine ? Calcutta. Civilité ? Incertaine. Nationalité ? Double : anglaise, indienne. Date de naissance ? 1690. Vous voyez, j’ai l’air décatie au premier regard, je m’effrite, je m’étouffe, personne au monde n’a l’air plus vieille que moi. Mais trois cent cinquante ans, ce n’est pas considérable pour une mégapole !
En vérité, je relève officiellement de la communauté des Anglo-Indiens, privée de subsides depuis 1960. Pour en être, il faut avoir au moins un ancêtre mâle britannique. On remarque tout de suite la subtilité de la définition. La Britannitude passe exclusivement par l’homme, alors même qu’au beau milieu de mon ventre se dresse l’énorme statue de l’énorme reine Victoria, petite tête sur jupes écrasantes, bouche de veuve amère et couronne posée sur une coiffe de dentelles. Il ne faut rien croire de ce qu’on dit de moi. Calcutta, grouillante misère du monde, Calcutta bidonville, Calcutta déchet puant de l’humanité, Calcutta qui rend raciste n’importe quel Blanc en vingt-quatre heures, ce fut écrit et publié. Par des Blancs.
Si je suis utile au vaste monde, c’est à cause du compliqué. Avec moi, rien n’est simple. Je suis anglo-indienne et communiste, maoïste et nationaliste, violemment révolutionnaire et mystique, dense et mutine, nazie et libertaire, je m’appelle Contradiction.
BIOGRAPHIE & INFORMATIONS
Nationalité : France
Né(e) à : Boulogne-Billancourt , le 10/02/1939
Biographie :
Catherine Clément est une philosophe et femme de lettres française.
Née dans une famille mi-catholique, mi-juive, Catherine Clément passe une grande partie de son enfance sur les bords de la Loire avec sa grand-mère chrétienne, ce qu’elle raconte dans Maison mère (éditions Nil, 2006). La guerre l’a privée de ses grands-parents juifs, dénoncés, déportés et morts à Auschwitz en mai 1944.
Elle intègre l’École normale supérieure de jeunes filles (ENSJF) en 1959, école dite de Sèvres, mais installée boulevard Jourdan à Paris. Agrégée de philosophie à l’âge de 22 ans, la sévrienne devient ensuite l’assistante de Vladimir Jankélévitch à la Sorbonne à 24 ans : au grade d’assistante, qui n’existe plus, les jeunes enseignants dirigeaient les travaux pratiques.
Sa rencontre avec Claude Lévi-Strauss, qui l’invite à décrypter un mythe africain devant son séminaire en 1962, l’influence de manière décisive. A partir de 1959, elle suit le séminaire de Jacques Lacan, d’abord à l’hôpital Sainte-Anne, puis à l’École Normale Supérieure et à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et ce jusqu’à la fin. Membre de l’École freudienne à titre « profane », elle n’a jamais été psychanalyste.
Détachée au CNRS, elle prépare une thèse sur Le Paradis perdu, qu’elle termine, mais que l’état de santé de Vladimir Jankélévitch, à la fin de sa vie, ne lui permet pas de soutenir. Parallèlement, elle participe entre autres à des documentaires de télévision à l’ORTF, aux côtés de Josée Dayan et Charles Brabant. En 1976, après 12 ans d’enseignement supérieur, elle demande un congé, horrifiée des conditions de travail dans les amphithéâtres. Fin 1976, elle entre au quotidien Le Matin de Paris comme chef de rubrique culture.
En 1982, elle est nommée au ministère des Relations extérieures, à la tête de l’AFAA, chargée de la diffusion et de l’accueil de la culture française à l’étranger. Elle séjourne cinq années en Inde aux côtés de l’ambassadeur André Lewin, puis cinq ans en Autriche, et enfin trois ans au puis cinq ans en Autriche, et enfin trois ans au Sénégal (1996-1999).
A l’époque, quand elle part en Inde, elle a déjà publié cinq romans et huit essais. L’Inde lui inspire ses plus grands succès, Pour l’amour de l’Inde (Flammarion, 1993) et Le Voyage de Théo (Seuil, 1998), et ce pays ne cesse d’inspirer son travail. Elle est aujourd’hui par ailleurs membre du Forum franco-indien, organisme bilatéral officiel. Depuis 2002, elle prépare et dirige l’Université populaire du q
- Éditeur : Seuil (6 mai 2021)
- Note moyenne : 5/5 (sur 1 notes)
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