le gardien du phare- Catherine Hermary-Vieille

Extrait

– Inutile de s’acharner, elles sont perdues.
Les bourrasques de vent ébranlaient les châssis des deux fenêtres donnant sur la mer. Comme les vagues qui battaient les rocs, le ciel était gris, écumeux.
– Je sais.
Le prêtre et son interlocuteur évitaient de se regarder. En dépit du dénouement inexorable, ils se sentaient honteux de devoir renoncer.
– Elles sont entre les mains de Dieu, prononça enfin le religieux.
Le docteur Trébois ne répondit pas. Dieu pouvait-Il arrêter le courant qui entraînait ces trois femmes vers le large, était-Il désireux d’étouffer le vent ?
– Qui aurait pu penser que ces malheureuses sombreraient ensemble ! soupira le père Leblanc.
Le docteur se leva, tapa sa pipe sur le rebord de la table. Le vent forcissait, le ciel était griffé de pourpre.
– Il faut penser aux vivants, mon père.
– On peut aussi déjouer la mort, assura le vieux prêtre en boutonnant son paletot de laine. On peut espérer.

 

Présentation de l’éditeur

Trois femmes échouées sur une île sauvage dont une tour de pierres grises barre tous les chemins. Un gardien qui jamais ne se montre. Elles guettent, sentent et redoutent sa présence. Mais existe-t-il vraiment ? Hormis l’étendue de la mer, les nuages et la brume, elles portent de lourds secrets et n’ont plus que leurs souvenirs, leurs rancunes, leurs désillusions et leur détermination à survivre. Pour quelle obscure raison le destin les a-t-il jetées sur ce bout de terre isolé, ce monde clos et hors du temps que rien ne semble atteindre ?
Prix Femina pour Le Grand Vizir de la nuit, Catherine Hermary-Vieille retrouve ici les eaux sombres et tempétueuses des soeurs Brontë, les landes et les passions des grands romans anglo-saxons, aux confins de l’âme humaine et de la vie, du rêve et de la réalité, avec une intensité, une beauté, une émotion que cristallise l’écriture pure et troublante d’un véritable écrivain.

« Le roman le plus épuré de Catherine Hermary-Vieille. » La Libre Belgique.

Editeur : Albin Michel (26 mars 2013)

par Remy

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