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Extrait

Le mollah lève une main majestueuse pour apaiser le hurleur. Après la récitation d’un verset coranique, il lit quelque chose qui ressemble à une sentence, remet la feuille de papier dans une poche intérieure de son gilet et, au bout d’une brève méditation, il invite la foule à s’armer de pierres. C’est le signal. Dans une ruée indescriptible, les gens se jettent sur les monceaux de cailloux que l’on avait intentionnellement disposés sur la place quelques heures plus tôt. Aussitôt, un déluge de projectiles s’abat sur la suppliciée qui, bâillonnée, vibre sous la furie des impacts sans un cri. Mohsen ramasse trois pierres et les lance sur la cible. Les deux premières faillissent à cause de la frénésie alentour mais, à la troisième tentative, il atteint la victime en pleine tête et voit, avec une insondable jubilation, une tache rouge éclore à l’endroit où il l’a touchée. Au bout d’une minute, ensanglantée et brisée, la suppliciée s’écroule et ne bouge plus. Sa raideur galvanise davantage les lapideurs qui, les yeux révulsés et la bouche salivante, redoublent de férocité comme s’ils cherchaient à la ressusciter pour prolonger son supplice. Dans leur hystérie collective, persuadés d’exorciser leurs démons à travers ceux du succube, d’aucuns ne se rendent pas compte que le corps criblé de partout ne répond plus aux agressions, que la femme immolée gît sans vie, à moitié ensevelie, tel un sac d’horreur jeté aux vautours. –Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

 

Présentation de l’éditeur

Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là des exécutions publiques, les Taliban veillent. La joie et le rire sont suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l’obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n’a plus d’autres histoires à offrir que des tragédies. Le printemps des hirondelles semble bien loin encore…

 » Un cri déchirant au coeur de la nuit de l’obscurantisme. « 
Alexandra Lemasson – Le Magazine littéraire
 

 

Un mot de l’éditeur

Un geste atroce… et l’acte d’amour désespéré d’une de ces femmes que Yasmina Khadra baptise les «hirondelles de Kaboul». –Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

 

Quatrième de couverture

Dans le Kaboul de l’an 2000, alors que les talibans font régner sur l’Afghanistan un régime atroce, quatre personnages inoubliables. Il y a Mohsen, qui descend d’une famille de commerçants prospères que les talibans ont ruinée ; Zuneira, sa femme, qui fut une enseignante brillante et qui n’a plus le droit de sortir de chez elle… Ils survivent dans des conditions morales et matérielles abominables, soutenus par l’amour qu’ils se portent et le respect qu’ils doivent à l’intelligence et à la connaissance. Il y a aussi Atiq, gardien de prison qui a adhéré à l’idéologie des talibans avec sincérité et qui tente d’assurer son service dans le respect de sa foi, et Mussarat, sa femme, qui se meurt de maladie et de désespoir. Désespéré, oisif, exténué, Mohsen erre dans Kaboul quand il est entouré par une foule qui s’apprête à lapider une femme adultère. Comme anesthésié par l’atmosphère hystérique qui le cerne, Mohsen va, lui aussi, balancer de toutes ses forces quelques pierres au visage de la femme enterrée jusqu’à la taille. Ce geste insensé va faire basculer le destin de tous les protagonistes dans la tragédie… jusqu’au sacrifice ultime – et vain – de Mussarat, cette femme qui donnera sa vie pour permettre à l’homme qu’elle aime de retrouver sa capacité d’aimer. Rarement un écrivain a su mettre au jour avec autant de clarté et de lucidité la complexité des comportements et des situations dans les sociétés musulmanes déchirées entre le féodalisme et la modernité. –Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

 

Biographie de l’auteur

Pendant des années, Yasmina Khadra a publié des livres qui ont connu un succès mondial. Derrière ce pseudonyme, se cache en fait Mohammed Moulessehoul, officier supérieur de l’armée algérienne. En 1999, à l’âge de quarante-cinq ans, Mohammed Moulessehoul décide de prendre sa retraite de l’armée et de se consacrer entièrement à l’écriture. Il quitte l’armée en août 2000, s’envole vers le Mexique avec sa femme et ses trois enfants en septembre, et arrive en France en janvier 2001. C’est à cette date qu’il publie L’écrivain (Julliard, 2001) et qu’il révèle son identité à la presse et au public.

Editeur : Pocket (19 avril 2010)

par Remy

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