Extrait
Niflheim
A chaque pas, les bottes en caoutchouc d’Erik Hall s’enfonçaient un peu plus, et ses jambes étaient depuis longtemps comme tétanisées. Mais il ne devait plus être très loin à présent.
Tel un culturiste, à la fois massif et anguleux, il transportait sur son dos trois sacs de plongée. Il n’y avait donc rien d’étonnant à ce que la mousse détrempée cède sous lui. Ce qui était curieux, c’est la rapidité avec laquelle la forêt avait plongé dans l’obscurité depuis qu’il avait refermé le coffre de sa voiture garée sur une aire de repos. À ce moment-là, tandis qu’il posait son regard au-delà du fossé, la lisière de la forêt lui était apparue lumineuse et accueillante. Après environ une heure de marche pénible, il flottait comme une brume laiteuse à travers les fourrés. Pourtant, il ne regrettait pas son entreprise.
Lorsqu’il entrevit la clairière au-delà de la dernière ligne d’arbres, il s’arrêta et sembla douter un instant. C’est alors qu’il découvrit les restes de la vieille barrière. Ses bouts de bois décomposés ressemblaient à autant de doigts invitant à la prudence, juste avant la pente menant à l’entrée du puits d’extraction. Traversant les voiles blancs de brume, il parcourut les dernières enjambées en contrôlant ses glissades sur la pente herbeuse jusqu’à se retrouver à hauteur de la bouche du puits. Il éteignit son GPS et se débarrassa de la charge qu’il transportait. Il s’étira le dos, faisant craquer ses vertèbres endolories.
Il régnait un froid humide, exactement comme la veille, lorsqu’il était parvenu pour la première fois à localiser cette mine désaffectée. La lourde caisse contenant l’attirail de plongée était bien là où il l’avait déposée, et il subsistait toujours cette même puanteur. Il inspira par les narines et se dit qu’il y avait sans doute quelque chose qui pourrissait dans le coin. Peut-être un chevreuil mort, en décomposition.
La brume atténuait encore la lumière du crépuscule, et il eut du mal à distinguer quoi que ce soit en se penchant vers l’à-pic du puits. Mais une fois sa vision accoutumée, il parvint à distinguer les rondins de bois à environ trente mètres de fond. Ils servaient à étayer les parois du puits, et soudain, il eut l’impression de contempler une très vieille bouche humaine contenant de rares dents noircies.
Erik fit quelques pas en arrière et reprit sa respiration avec précaution. Il lui sembla que la puanteur diminuait à mesure qu’il s’éloignait du puits.
Présentation de l’éditeur
Le corps d’un homme est retrouvé au fond d’une mine inondée de Suède, dans un état de conservation exceptionnel. Invité sur un plateau de télévision, Erik Hall, le plongeur à l’origine de cette découverte, rencontre Don Titelman, un historien taciturne, spécialisé dans les mythes et symboles occultes. À l’abri des oreilles indiscrètes, Hall lui confie que le cadavre de la mine tenait une croix qu’il a conservée en secret. Il n’a aucune idée de ce qu’il vient d’exhumer. Ni de la tempête que cela va déclencher…
Associée à une étoile, cette croix constitue la clé d’un mystère extraordinaire. Et pour le percer à jour, nombreux sont prêts à risquer leur vie.
Où se cache cette étoile ? De quel mystère est-il question ? Et surtout, pourquoi Titelman, étranger à tout cela, se voit-il précipité malgré lui dans une traque frénétique et meurtrière ?
Tout en revisitant les événements les plus bouleversants de ces cent dernières années, Jan Wallentin nous plonge dans une aventure à couper le souffle. À bord d’un train de fret sillonnant l’Europe ou d’un brise-glace en partance de Mourmansk, lors de l’expédition au pôle Nord d’Andrée et Strindberg ou au cœur de la folie nazie à Wewelsburg, il nous embarque dans une quête effrénée et fascinante.
Biographie de l’auteur
Né en 1970, Jan Wallentin est journaliste pour la télévision suédoise. L’Etoile de Strindberg est son premier roman.
Editeur : Fleuve éditions (12 mai 2011)
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