Monsieur des Lourdines; histoire d’un gentilhomme campagnard – Châteaubriant, Alphonse de, 1877-1951 – Goncourt 1911

Résumé : La pourpre des noisetiers, le safran des érables, les châtaigniers et les hêtres aux branches alourdies de pluie… L’odeur des champignons, si proche de celles de l’arbre et de la terre…Cette forêt poitevine dont il a parcouru les sentiers pendant si longtemps, Monsieur des Lourdines en sera-t-il chassé, par la folie de son fils?

Extrait : Il y avait plus de deux heures que les quatre hommes, descendus dans le fossé creusé autour de l’ormeau, un ormeau gigantesque, entaillaient le pied à grands coups de hache. Presque toutes les lignes souterraines se trouvaient tranchées, mais l’arbre tenait bon encore. À chaque atteinte, l’aubier, frais et dur, sautait.

« Han !… Han ! » anhélaient en mesure les poitrines.

Témoin de cette « cognée », le maître se tenait à quelques pas plus loin. Il semblait ne pas vouloir s’approcher du bord. Sur sa figure, une crispation répondait au retentissement des haches ; et, de temps à autre, il levait un regard triste et contrarié sur une des fenêtres du château, au-dessus de lui.

La famille Van Bredenbeck de Châteaubriant est originaire de Hollande. Sa branche française fait partie des familles subsistantes d’ancienne bourgeoisie angevine. Son fondateur, Gaspard Van Bredenbeck (1637-1687), naturalisé français, était maître-raffineur de sucre et de mélasse à Saumur en 1670, puis à Angers en 1675. Sa veuve acquit la terre de Châteaubriant à Sainte-Gemmes-sur-Loire le 24 février 1693.

Après des études au lycée Clemenceau de Nantes, Alphonse de Châteaubriant fait l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, mais ne s’engage pas dans une carrière militaire. Il a surtout vécu entre Piriac-sur-Mer où se trouve sa propriété, Nantes et le Poitou.

Alphonse de Châteaubriant épouse à Saint-Nazaire, par contrat du 18 mai 1903, Marguerite-Eugénie-Thérèse Bachelot-Villeneuve, dont il a deux fils, Guy et Robert. Pendant la Première Guerre mondiale, il vit aussi à Versailles, rue de l’Orangerie, et ses enfants vont au lycée Hoche, sa famille faisant des allers et retours à Saint-Nazaire, pour causes de mauvais ravitaillement. Plus tard, il rencontre la poétesse Gabrielle Lesfort qui eut deux fils de son premier mariage, dont l’historien André Castelot, lequel devint son secrétaire particulier.

Alphonse de Châteaubriant est de ceux qui se sont tout de suite rangés du côté de la collaboration. Sous l’Occupation, il préside le groupe Collaboration et dirige, de juillet 1940 à mai 1941, La Gerbe, périodique qui se veut un « hebdomadaire politique et littéraire ». Le rédacteur en chef en est Marc Augier (connu après-guerre sous le pseudonyme de Saint-Loup). Le premier exemplaire paraît le 11 juillet 1940. On y trouve les signatures de Jean Giono, Paul Morand, Jean Cocteau, Marcel Aymé, Sacha Guitry, etc. L’hebdomadaire défend l’idée d’une Europe aryanisée, débarrassée du bolchévisme, proche des thèses du Rassemblement national populaire de Marcel Déat, s’éloignant alors du pétainisme maréchaliste. Il soutient la Légion antibolchévique en participant à un meeting de Jacques Doriot.

En 1944, quand les troupes alliées approchent de Paris, Châteaubriant se réfugie en Allemagne, où il se trouve déjà quand, le 17 août, paraît le dernier numéro de La Gerbe. Le Comité national des écrivains (CNE) inscrit alors son nom sur la liste des auteurs qu’il juge indésirables.

Alphonse de Châteaubriant se réfugie en Autriche, où il vit à Kitzbühel, se faisant appeler « Dr Alfred Wolf ». C’est donc par contumace qu’il est frappé d’indignité nationale et condamné à mort le 25 octobre 1948 par la sixième section de la Cour de justice de la Seine ; le mandat d’arrêt lancé contre lui avec ordre de le conduire au fort de Charenton ne l’atteignit jamais dans le monastère du Tyrol où il s’était réfugié et où il mourut en 1951 après avoir publié une Lettre à la chrétienté mourante.

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par Remy

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