Présentation de l’éditeur
» Quand il avait quitté Paris, dix ans plus tôt, pour venir habiter à Saint-Ange-des-Bois, Monsieur Ladmiral avait fait savoir, pour vanter la maison qu’il achetait, qu’elle était à huit minutes de la gare. C’était presque vrai à cette époque. Par la suite, et à mesure que Monsieur Ladmiral vieillissait, la maison avait été à dix minutes, puis à un bon quart d’heure de la gare. Monsieur Ladmiral n’avait constaté ce phénomène que très lentement, n’avait jamais su l’expliquer et, pour mieux dire, ne l’avait jamais admis. Il était entendu qu’il habitait toujours à huit minutes de la gare, ce qui n’était pas fait pour simplifier la vie ; il fallait jouer avec les pendules, faire de faux calculs, prétendre que l’horloge de la gare avançait, ou que l’heure du train avait été changée sournoisement ; Monsieur Ladmiral, dans le temps où il allait encore à Paris, avait même manqué des trains, héroïquement, pour qu’il ne fût pas dit qu’il habitait à plus de huit minutes de la gare. » Monsieur Ladmiral va mourir, et par petites touches, Pierre Bost livre un récit intimiste et pur, qui exhale tout au long de ses pages une fraîcheur presque douloureuse à force de tendresse implicite, d’extrême bonheur, mais également de résignation aux décrets irrévocables de la mort.
Présentation de l’auteur
Nationalité : France
Né(e) à : Lasalle , le 5/09/1901
Mort(e) à : Paris , le 6/12/1975
Biographie :
Pierre Bost est un écrivain et scénariste français né à Lasalle le 5 septembre 1901 et mort à Paris le 6 décembre 1975. Il utilisa jusqu’en 1945 le pseudonyme Vivarais.
Fils d’un pasteur, il passe son enfance au Havre. Élève au lycée Henri-IV avec Alain, il rate l’agrégation.
Romancier, journaliste et auteur dramatique français, Pierre Bost débute au théâtre du Vieux-Colombier avec une comédie : L’Imbécile, puis se tourne vers le roman. Il écrit plusieurs ouvrages, publiés par Gallimard, parmi lesquels le roman Porte Malheur ou l’essai Un An dans Un tiroir.
Au début des années 1940, il devient scénariste et écrit un grand nombre de films, souvent avec son complice Jean Aurenche. Beaucoup restent célèbres comme Le Diable au corps, La Traversée de Paris, La Jument verte, etc. En 1954, le tandem Aurenche et Bost est attaqué par le journaliste François Truffaut. Avec l’arrivée de la Nouvelle Vague, leur étoile pâlit quelque peu dans les années 60. Jean Aurenche et Pierre Bost font un retour triomphal dans les années 70 quand ils écrivent deux films pour Bertrand Tavernier : L’Horloger de Saint-Paul et Le Juge et l’Assassin. Pierre Bost meurt en 1975.
Dans les années 80, Bertrand Tavernier adapte le roman de Bost Monsieur Ladmiral va bientôt mourir au cinéma sous le titre Un dimanche à la campagne. Le film remporte un grand succès, notamment au Festival de Cannes et aux Oscars. A partir de 2007, les éditions Le Dilletante entreprennent la réédition des textes de Pierre Bost. Ils ont pour l’instant republié Porte Malheur et Un An dans Un tiroir.
En 2010, le documentaire Jean Aurenche, écrivain de cinéma consacré à son co-auteur Jean Aurenche, aborde notamment le fonctionnement de sa collaboration avec Pierre Bost. Ce dernier intervient à l’écran dans plusieurs images d’archives.
Editeur : Gallimard (10 février 2005)